La loi de Darwin (épisode 1)

La loi de DarwinJ’ai toujours connu le monde ainsi. Un beau bordel. Eh ouais, les ruines, les morts, les destructions, les villes abandonnées, les pillards qui s’étripent pour une boîte de conserve. C’est ma vie. Et je m’en sors plutôt pas mal.

Mais l’Écosystème, c’est une autre paire de manche. C’est quoi l’Écosystème ? Le truc qui nous a mis à genoux. Une faune hautement toxique qui grignote chaque année un peu plus d’espace vital. Faisant de nous une espèce en voie d’extinction… Qui doit lutter pour sa survie.

 

Coup de pied dans les testicules. Tête de rat s’est affaissé au sol. J’ai levé ma machette et je l’ai abattue sur son cou nu qui s’offrait à moi. Le sang a giclé. De gros geysers qui ont explosé partout. Sur mon masque à gaz intégral, sur ma longue veste, sur mes protège-bras et tibias. Cela n’a pas suffi à le terrasser. Il a levé l’avant-bras pour se défendre ou pour implorer, je ne sais pas trop. J’ai frappé de toutes mes forces jusqu’à ce que l’os soit mis à nu, puis j’ai fini le travail.

Tête de rat a expiré sur le carrelage dégueulasse de la supérette abandonnée. Fini. On pouvait passer à autre chose. J’ai dû cramer une bouteille presque complète de désinfectant pour me débarrasser du sang sur mes affaires. La fouille de son sac n’a rien amené de bien folichon. Excepté une pierre à feu, une barre de céréales non entamée et une corde qui n’avait pas l’air trop usée. Le reste, attirail inutile et coquetteries qui grillaient les dépenses énergétiques et ralentissaient quand il fallait prendre ses jambes à son cou.

La poussière orange avait envahi l’atmosphère confinée. Malgré l’obscurité, je pouvais voir ces putains de spores ! Ma bagarre avait remué cette merde qui ne demandait qu’à s’infiltrer dans mes poumons pour me faire crever. Trop dangereux. Tête de rat avait ruiné le festin de ce soir. C’était foutu. C’était pourtant pas tous les jours qu’on tombait sur une supérette à peine pillée. Des boîtes de raviolis à ne savoir qu’en faire. Hé ouais ! Noël avant l’heure ! Foutues !

Sac sur le dos, j’ai glissé entre les rayonnages plongés dans l’obscurité. J’ai filé par la lucarne pétée du dépôt et j’ai replacé cette vieille palette dévorée par les fonges afin de décourager d’éventuels curieux. Des tas d’insectes gros comme des poings ont filé d’une poubelle renversée. Des charognards un peu trouillards qui ne se refusaient pas un peu de viande fraîche. Le jour crevait. Estomac vide. Encore à devoir sucer des cailloux pour la nuit.

Il fallait dégotter un abri. Plus sûr que d’habitude, car je ne pouvais plus rêvasser en comptant sur la vigilance de mon pote depuis deux ans pour surveiller mes arrières.

Tête de rat.

À suivre…

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