Suite au final de la saison 2 de l’excellente (mais annulée) série Stargate Universe, qui a laissé une certaine frustration, voici donc la petite histoire qui conclut la série ! Bienvenue dans la saison 3 🙂
— Il n’est pas de l’alliance luxienne. Ou alors, c’est le meilleur agent double de la galaxie.
L’homme blond, massif, tout de cuir vêtu, après avoir longuement étudié mon attitude, vient enfin de livrer sa conclusion au colonel. L’énoncé de ce fait évident semble rassurer les militaires.
— Si vous n’avez plus besoin de moi, des compartiments doivent être isolés et T.J. voulait que…
— Merci Varro, vous pouvez disposer.
Je suis au bord de l’épuisement. J’ai soif, j’ai faim, je dois satisfaire des besoins naturels. Les menottes qui m’enchaînent à ce siège me cisaillent le poignet. Depuis plusieurs heures qu’on m’a triballé dans cet endroit ressemblant vaguement à un poste de commandement (avec un fauteuil de capitaine Kirk), pour subir questions, suspicions et menaces, je n’ai fait que répéter inlassablement la même histoire. Malgré tout, j’ai réussi à grappiller ici et là des informations, chaque nouvelle découverte provoquant au fond de mon être une réaction physiologique différente.
Les baies vitrées donnant sur l’espace intersidéral m’ont transmis une première indication sur le où : un énorme vaisseau spatial en forme de triangle à l’air délabré qui fonce vers l’infini, dans une galaxie lointaine, très lointaine de la Terre. Quand mon esprit a accepté ce fait, je me suis évanoui.
Réveillé par les claques du sergent Greer, j’ai obtenu le quand : un homme installé à un poste de contrôle devant la baie vitrée répondant au nom de Brody a indiqué que nous étions en l’an 2748, et que tous nos amis, conjoints et collègues étaient morts depuis longtemps. J’ai vomi. Greer m’a à nouveau frappé pour avoir sali la « moquette des anciens ». Même si j’ignore qui sont les anciens et s’ils m’en voudront ou non.
Puis, j’ai compris peu à peu le pourquoi : ces personnes sont tout comme moi, des naufragés involontaires. Arrivées par l’anneau qu’ils nomment « Porte des étoiles », ils savent à peine réparer les systèmes de survie défectueux ou manœuvrer l’appareil, et semblent complètement dépassés par la situation. Ils ne cessent de scruter avec fébrilité des écrans radars en espérant ne
pas voir y apparaître leurs ennemis, les drones. Leur hibernation est visiblement liée à cela. Quand j’ai compris le pétrin dans lequel j’étais fourré, j’ai hurlé et pleuré. Avant d’être calmé par un coup au plexus de Greer.
La porte se referme sur Varro. Dommage, il avait l’air plus calme et serein que les autres, et il semblait me croire.
— Vous étiez obligé de le traîner sur la passerelle principale du Destinée ? peste Rush en butant contre mes pieds. Il me bloque l’accès à une console d’importance stratégique.
— Je ne dispose pas d’assez d’hommes pour assurer la sécurité, réparer les installations défectueuses, rechercher Eli, et garder les prisonniers, lâche Young. Vous ferez avec.
— Heureux de voir que notre survie ne compte pas autant pour vous que pour moi.
— Parlez-moi plutôt de votre théorie.
— Si vous voulez que je vous explique, crache celui-ci tout en manipulant une série de boutons, de quelle manière un terrien de notre époque n’ayant aucun lien avec le programme Stargate ait pu sauter dans le temps de 700 ans pour nous retrouver à bord du Destinée pile au moment où nous sortons d’hibernation. Non, je n’ai pas d’explication.
— Oui, mais moi je vivais en 2012 et l’Intermarch…
— Vous allez cesser de nous rabattre les oreilles avec ça ? s’agace le scientifique. Nous sommes partis en 2010 de la Terre. 700 ans que nous dérivons, faites le calcul.
— Je veux rentrer chez moi.
— Croyez-moi, si j’avais la solution, vous ne seriez déjà plus là.
Une bouffée d’angoisse me prend aux tripes. Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche pour poser une autre question qu’une voix grésille dans le talkie-walkie. Celle du lieutenant Scott.
— Colonel Young. On vient de retrouver Eli.
— Vivant ?
— Difficile à dire. Il faudrait que vous veniez.
— Greer, vous restez avec Rush garder le prisonnier.
— À vos ordres.
— Ne me laissez pas avec lui !
Le colonel s’échappe du poste de commande sans répondre à ma supplication. Mon gardien se plante devant moi. Les narines dilatées, il semble me défier de faire le moindre mouvement. Dix longues minutes de silence plus tard, seulement entrecoupées par les appels de Rush afin d’orienter ses comparses vers les systèmes à réparer en urgence, le colonel recontacte enfin mon bourreau.
— Amenez-nous le prisonnier, ordonne-t-il.
— Vous pouvez répéter, colonel ?
— Tout de suite, Greer. En un seul morceau. Et prenez Rush avec vous.
Je ne pensais pas un jour respirer de soulagement à l’idée qu’on puisse demander à me ramener en un seul morceau. La brute épaisse me traîne dans les couloirs, sous les regards de l’équipage qui semble plus ou moins méfiant. La femme aux traits asiatiques approche pour engager la conversation, j’ai à peine le temps d’ouvrir le bouche que Greer m’assène un coup dans la nuque avec la crosse de son fusil.
— Vous n’avez pas le droit, râle la femme. Il a des droits. C’est un terrien.
— Tant qu’on n’en aura pas la certitude, ses droits, je m’en contrecarre. Camille.
Il la fixe avec intensité et me pousse en avant. Elle abandonne. Nous arrivons au bout d’une dizaine de minutes de marche dans des couloirs sombres dont les murs semblent renforcés avec des plaques rivetées de cuivre ou d’étain, dans une salle circulaire, épurée, au milieu de laquelle trône un fauteuil massif. Un homme corpulent, comme engoncé dans un bloc de cristal translucide est assis dedans, la tête en arrière, un étrange sourire figé au visage. Il porte un tee-shirt rouge où est marqué « You are here ».
Les murs sont barbouillés de symboles mathématiques dessinés à la craie. Une instruction en lettres capitales est encadrée « Prenez soin de lui ». Scott et Young me dévisagent comme si je devais leur apporter une réponse. Je me contente de hausser les épaules en espérant que Greer ne se mette pas à me frapper. Rush me bouscule pour se précipiter sur la console, il fait dégager un
petit grassouillet blond et étudie avec attention la série de symboles incompréhensibles.
— Il est en stase, lui annonce l’homme éjecté.
— Je le vois bien, grogne Rush. Il a téléchargé son esprit dans le vaisseau, tout en trouvant un moyen de conserver son corps.
— Vous pouvez le réveiller ?
— Je ne détecte pas sa signature. Ginn et Amanda sont bien là.
— Ginn, déclarè-je. C’est la fille qui avait le message pour Eli.
— Quel est-il ? interroge Scott.
— Il lui manque.
— C’est tout ?
Nouveau haussement d’épaules de ma part.
— Où est-elle ? Elle m’a accueilli à mon arrivée, et plus rien depuis.
— C’est une conscience virtuelle téléchargée dans l’ordinateur du vaisseau suite à son assassinat par un agent de l’alliance luxienne et son retour grâce à une singularité des pierres de communication.
Je fixe mon interlocuteur, attendant le moment où il va ma déclarer dans un éclat de rire que c’était une blague. Mais il se contente de me fixer, agacé.
— Rush, comment Eli aurait-il pu quitter le Destinée ?
Le scientifique ne répond pas immédiatement. Soudain, les talkie-walkie se mettent à grésiller.
« Activation de la porte » hurle une voix féminine.
— Scott, Greer, on y va, réagit aussitôt le colonel Young. Soldat, surveillez le prisonnier
Je me plante dans un coin sans rien dire, tandis que mon nouveau bourreau se contente de me suivre des yeux. Au moins, Greer s’en va et je n’ai plus affaire à lui. Rush, nullement perturbé par la situation, martèle une sorte de clavier d’un air concentré, tandis que ses deux compagnons triturent une série de tuyaux et de cristaux d’un panneau qu’ils viennent de démonter. Soudain, un bruit se met à résonner dans la pièce. Rush lève le nez.
— Le vortex vient de s’ouvrir, annonce-t-il, avec une pointe d’inquiétude dans la voix.
— C’est impossible, vous disiez que nous n’avions pas assez d’énergie.
— Je sais ce que j’ai dit. Volker, il y a-t-il un kino dans le coin ?
Les regards se tournent vers un écran suspendu au dessus de la console que Volker semble piloter. L’image est étrange, constellée de paillettes noires, mais s’éclaircit peu à peu. La caméra débouche dans une salle très lumineuse. La chambre de l’anneau. Une sorte de fluide phosphorescent baigne l’intérieur du cercle de métal. C’est magnifique, le liquide oscille comme les vagues d’une mer intérieure.
Les militaires sont déployés tout autour et pointent leurs armes. Soudain, des silhouettes paraissent s’extirper de cette mélasse. Longues, grandes, filiformes, équipées de combinaisons noires, elles ont une tête allongée qui irradie une lumière bleue intense. Elles ont l’air agressives. Je constate avec effroi que ce ne sont pas des êtres humains, mais cela n’a pas l’air de choquer mon
entourage qui se crispe de plus en plus.
Aussitôt, des claquements secs retentissent. Les extra-terrestres ouvrent le feu avec de drôles d’engins qui font jaillir des boules d’énergie bleutée. Des explosions ébranlent la structure.
— Ils sont revenus ! crie Rush en s’enfuyant dans un couloir. Volker, Brody, avec moi, on va essayer d’isoler le compartiment !
« Tous les renforts disponibles à la porte ! » lance Scott au talkie-walkie.
Le soldat me jauge du regard, je lui fais un signe positif de la tête. Je ne suis pas une menace. Il part en courant. Je me retrouve seul, isolé, ne sachant trop que faire, tandis que les bruits étouffés des combats parviennent à mes oreilles. Le kino montre un équipage en difficulté face à des monstres bleus violents et bien organisés. Je m’approche du bloc de cristal, je l’effleure des doigts.
— Ça y est, tu m’as trouvé ? lance une voix masculine joyeuse.
Je me retourne. Personne.
— Qui est là ?
— C’est moi, ton pote, Eli.
— Où êtes-vous ?
— Cela va te sembler étrange, mais je suis avec toi, dans ta tête.
Un hurlement fuse à travers l’écran de télévision. Young s’affaisse au milieu de la bataille, la connexion avec le kino se coupe.
— Dépêche-toi, reprend Eli. On a du pain sur la planche. Dès que tu m’auras téléchargé dans le vaisseau, je nous débarrasserai d’eux.
Sans vraiment comprendre quoi que ce soit, mes doigts se tendent alors vers la console et se mettent à pianoter les touches…
Et voilà, fin de l’épisode trois ! La suite, ici :
* Sans comprendre quoi que ce soit * , j’attends la suite avec impatience !
Excellente soirée .
Hi, hi, j’ai essayé pourtant de rendre tout ça compréhensible par tout le monde, mais je reconnais que pour ceux qui n’ont pas deux saisons de SGU en « background », c’est (beaucoup) plus difficile
de se projeter dans l’histoire 😉
A ne pas manquer ce soir : le lever de la pleine lune aux alentours de 22 heures sur la FRANCE !
Excellente soirée .
Alors les avatars gagnent la guerre? ^^
@ Aurélie : Pas tout de suite, il faut d’abord une grande scène porn… euh d’amour entre Jake et la fille du chef 🙂