Retrouvez-moi dès aujourd’hui dans le zine Autres Mondes, que vous pouvez aller
visionner ici, ou en cliquant sur l’image ci-dessous.
J’y ai rédigé un texte à l’occasion du concours lancé par la communauté, dont le thème était « Royaume en ruine », et où j’ai remporté la première
place (yeah 😉 ) ! N’hésitez pas à découvrir ce webzine bien sympa ! Il y a également un autre texte de votre serviteur.
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Lune trébucha sur un pavé brisé. Elle se releva aussitôt, et épousseta ses habits. Réflexe inutile, la boue des marécages s’était incrustée
dans les fibres de sa tunique. Elle grimaça en songeant qu’il n’y avait là pas meilleure façon d’arriver en ces lieux.
La route, qu’elle avait mis cinq jours à rattraper en s’enfonçant dans les terres humides du bord du monde, bravant tous les dangers, venait
enfin de quitter les collines et son cortège de hameaux abandonnés pour déboucher sur la capitale du royaume oublié. Une arche, de plus de huit pas de haut, et qui représentait ce qu’il restait
d’un lion en train de rugir, marquait l’entrée. La tête de l’animal s’était désolidarisée du corps et avait roulé au sol, une épaisse mousse recouvrait la pierre.
Lune passa entre les pattes du félin. La luminosité baissa. Elle jeta un œil inquiet au soleil mourant. Elle ne pensait pas que le jour était
autant avancé. Elle devait se hâter de le retrouver.
Elle chemina jusqu’au milieu de la place circulaire d’où partaient les artères de la ville. Il n’y avait là que désolation. Chaumières aux toits écroulés, bâtiments délabrés bordant des rues crasseuses. Tout semblait
indiquer que les habitants avaient abandonné les lieux dans la précipitation.
Lune plaça ses mains en porte-voix et appela. Aucune réponse. Personne. Le son de sa voix se perdait dans le tumulte du crépuscule. Elle fixa
alors la citadelle qui crevait la ligne d’horizon, au fond de l’allée la plus large. Semblable à la description de son grand frère Yvan. Trois tours d’ivoire blanc s’élevant vers le ciel, dont
une à moitié détruite.
Il devait être là-bas. Sûrement. Lors de ses crises de fièvre, dans son délire, trempé par la sueur, il ne cessait de les évoquer.
Lune grimpa un tas de gravats, un reste de taverne dont les fûts de bière avaient roulé dans la rue, et marcha le long de l’artère qui la
mènerait à son but. Elle grignota une galette d’orge. Sa dernière, elle avait manqué de gibier lors de son périple. La citadelle se dévoilait peu à peu. La tour qui s’était effondrée sur
elle-même avait provoqué la destruction d’une aile du bâtiment.
Lune serra les poings. Pourquoi Yvan avait-il décidé de les quitter, elle et Maman, ce matin d’été ? Pourquoi avait-il tant tenu à se rendre
en cet endroit de désolation ?
Le soleil lançait ses derniers filaments rougeoyants. Un frisson parcourut la colonne vertébrale de Lune. Rien que l’idée de passer la
nuit ici la terrifiait. Elle accéléra le pas.
Elle franchit les portes du palais. Un vestibule qui montait à plus de cinquante pas, avec de grandes fenêtres, toutes brisées. Le sol marbré
était couvert de terre. Une fontaine à moitié détruite était au centre. C’est là que Lune découvrit, assis et jouant avec l’eau inexistante du bassin, son frère, Yvan.
Elle se précipita dans ses bras.
— Je te retrouve enfin !
La silhouette massive d’Yvan, une fois le premier étonnement passé, s’affaissa.
— Lune ? C’est toi ? Que fais-tu ici ? Es-tu folle ?
— Je suis venue pour te ramener !
— Mais… Je ne peux pas.
— Quoi ?
— J’aurais préféré, petite sœur, murmura-t-il en lui caressant les cheveux. Je n’avais pas le choix.
— Pourquoi ? Nous étions tellement heureux à la maison ! Cette terre en ruine est maudite. Tu ne trouveras
rien.
— Je ne le vois pas ainsi, répondit Yvan en souriant. Tu dois t’en aller. Promptement.
Il lui prit la main et la guida à l’extérieur. Le soleil commençait à disparaître.
— Nous n’avons plus beaucoup de temps, dépêchons-nous.
Il partit en courant, elle suivit maladroitement le mouvement, jusqu’à arriver, épuisée, au portail lion. Il la poussa de l’autre côté. Un
soleil de début d’après-midi réapparut immédiatement.
— La nuit ne devait pas tomber pour toi. Cet endroit n’est pas fait pour les…
Il ne finit pas sa phrase. Elle se mordit la lèvre inférieure.
— J’ai franchi bien des obstacles. Tu n’as qu’à faire un simple pas afin de
revenir parmi nous.
Il baissa les yeux.
— Tu sais que c’est impossible.
Elle acquiesça.
— Pourquoi a-t-il fallu que cette fièvre t’empo…
— C’est ainsi. Merci d’être venue, pour un dernier adieu. Dis à Maman que je l’aime. Et que je suis heureux, ici. J’ai trouvé la paix.
Il sourit. Aussitôt, le décor changea derrière lui. Des gens apparurent, déambulant tranquillement dans les rues, les maisons délabrées se
remontèrent, les statues reprirent leur éclat d’antan. La citadelle dominait avec ses trois tours étincelantes. Une capitale pleine de vie.
Une lumière blanche irradiait Yvan, toujours plus forte. Lune tendit le bras. Elle ne voulait pas le perdre une seconde fois. L’éclat se fit
aveuglant. Elle protégea ses yeux du revers de la main.
Quand elle les rouvrit, elle se trouvait allongée dans une prairie, non loin de la stèle marquant l’entrée des marais du bord du monde. Là où
elle avait commencé son périple. Elle se releva, difficilement. Des larmes coulaient le long de ses joues. Elle perçut des cris dans le lointain. Les hommes de son village qui étaient partis à sa
recherche. Les sabots de leurs chevaux frappaient le sol.
Elle jeta un regard en direction des terres humides. Et sourit. En espérant de tout son cœur que son grand frère ait vraiment trouvé la paix.
Au royaume des esprits…
FIN
très sympa ce mag, et ton texte aussi, évidemment !
Merci 🙂 Ce serait marrant que tu participes au prochain AT 😉
C’est beau 🙂
Un brin de poésie, pour changer de l’humour pouet pouet 😉
Pourquoi pas, je ne connais pas du tout 😉
Après, faut voir si tu es SF / Fantasy 😉
Fantasy, moi, mossieu ! Pure fantasy !
Excusez-moi, Madame, mais vous n’avez aucun goût ! Le vrai puriste fait de la SF !
N’importe quoi ! Je préfère mille fois mes lutins à vos aliens, mossieu !
Et bien mes aliens, ils percent la cage thoracique de vos vulgaires lutins, Madame !
arghhh, vite, à moi, Seigneur sauvage des bois, sorcières malfaisantes, viteeeeeeee
Ah, Ah ! Ne m’oblige pas à faire appel à M. Spock et Luke Skywalker (en même temps) !
ridicules, ils sont ridicules ! moi j’appelle les E-wok, et hop, c’est bouclé en un tour de main. Et aussi les Gremlins, gnac gnac gnac (mes chouchous !)
Oui, mais Dark Vador, il les fait exploser sans même les toucher (ou les mettre dans un micro-onde), tes gremlins 😉
Pourtant, se priver de la scène d’un Gremlins au micro-ondes, c’est faire preuve d’un manque de goût affligeant ! Dark Vador est un gros nul, voilà ce que j’en dis, moi ! Même pas peur…
Tu es bien intrépide, jeune Padawan !
viens te battre, grosse outre bourrée de vinasse !!!!
Hé ! C’est pas une écrivaillon hystérique qui va imposer sa loi ! Viens !
Ah tu la ramènes moins hein, là ! T’as vu l’écume aux lèvres ? T’as eu peur, hein…
J’avoue… Je me suis courageusement enfuis devant le danger 🙂
J’ai pas vu : j’étais planquée sous le buisson, à trembler comme une feuille !
Zut… Si j’avais su !!!!
Ouais, moi tout pareil !!!!
Oui mais moi je suis un gars donc je suis plus fort et intelligent donc j’aurais gagné CQFD 😉