Genre : Eau de rose sirupeuse sur matelas de poésie
Titre : La passion consumante de
l’amour
Résumé de l’intrigue : Tatiana et Gaspard s’aiment d’une passion
fondante comme le chocolat d’un brownie depuis leur plus tendre enfance. Mais la douceur de la fraise Tagada de l’amour ne saurait être appréciée sans l’amertume du citron de l’éloignement.
Gaspard, après de longs questionnements, décide donc de parcourir le monde, de vivre des aventures, de répandre la félicité, tels Jean-Luc Reichmann ou Mimie Mathy aux téléspectateurs de
TF1.
Aéroport de Sydney, 13h28
« Les passagers du vol Oceanic Airlines 815 à destination de Los Angeles doivent se rendre à l’embarquement, porte
23. »
Le corps de Tatiana fut immédiatement envahi par une nuée de frémissements incontrôlables. Sa peau entière s’électrisa, un
picotement sillonna le creux de ses reins. La voix mécanique venait de libérer dans ses veines le poison violent de l’écœurement, celui-ci se répandait lentement au cœur de ses projets d’avenir,
les paralysant jusqu’au dernier spasme d’une mort inéluctable. Elle lança un regard empreint d’espoir à Gaspard, appelant de toute son âme qu’il n’ait pas fait attention à l’annonce. Hélas,
celui-ci s’était déjà retourné et avait saisi la lanière de son sac The New Man, la plaçant nonchalamment autour de son épaule.
— C’est le mien.
La lourdeur des mots résonna à ses oreilles comme un marteau piqueur sur l’asphalte figé par une nuit d’hiver. Tatiana se lova
confortablement dans les bras virils de son amant. Les larmes coulaient lentement le long de ses joues, glissaient sur les boucles de ses cheveux dorés comme les blés d’été, et venaient échouer
sur son chemisier Gucci, perles de tristesse à jamais égarées par
la main hasardeuse du désespoir.
— Pourquoi, Gaspard ?
Il ne répondit pas immédiatement, se contentant de bétonner son silence dans les fondations de l’instant présent.
— Je suis désolé… souffla-t-il. Mais ma décision est prise. Notre amour a besoin de liberté pour exister. Je dois parcourir le
monde, vivre des aventures, rencontrer de nouvelles personnes, et répandre la félicité, tels Vincent Cerutti et Corinne
Touzet aux téléspectateurs de TF1.
Elle resserra son étreinte. Elle pouvait sentir son cœur palpiter contre sa poitrine, elle voulait partager ses battements, apaiser
son remoud dans cette douce mélopée corporelle.
— Tu comprends… poursuivit-il. J’ai besoin de m’éloigner pour renforcer notre amour.
Outrée, elle se détacha des pectoraux sculptés par des années d’exercices physiques, et fit volte-face.
— C’est cela ! cracha-t-elle, emplit de la rage amère, acide, âpre, aigre, piquante et âcre de la déception. Pars !
Et ne reviens jamais ! Je t’aime, Gaspard ! Ne le vois-donc tu pas ? Ne ressens donc tu pas cette chaleur au fond de nos âmes ?
— Je reviendrai, annonça Gaspard, sans bouger. Quand j’aurai trouvé un sens à ma vie, une fois que j’aurai sauvé quelques
orphelins aveugles handicapés amnésiques des faubourgs de Bamako d’une vie de perdition et de violence.
Elle resta sans voix.
— C’est une noble tâche…
— C’est pour cela que je pars à Los Angeles.
— Bamako est à Los Angeles ?
— C’est une ville d’Afrique. Dans la proche banlieue de la Cité des Anges, selon Frédéric.
— Pourquoi me parles-tu d’une cité avec des anges ? s’emporta Tatiana. Cela signifie que tu veux mourir là-bas ? Te
tuer à la tâche ? C’est cela ?
Gaspard lui posa son index sur les lèvres.
— Taisons-nous. Profitons de l’instant présent.
L’empathie de son bien-aimé lui projetait dans son esprit son propre narcissisme. Elle ne serait jamais capable de protéger de
pauvres orphelins aveugles handicapés amnésiques des faubourgs de Bamako d’une vie de perdition et de violence. Elle le détestait pour cela. Et elle se détestait.
Dire que tout ceci avait commencé quand il avait sauvé ce chiot de la noyade dans le ruisseau déchaîné lors de leur jogging
dominical. Il était devenu le héros de Pouilly-en-Pitivier-sur-Marne durant deux longues semaines. Cette gloire grisante qui avait accaparé son âme avec de grandes idées, « protéger le
monde », « donner un sens à ma vie », « prendre en main ma destinée ». Le renforcement de cette ambition lors de l’interview de France 3 Poitou-Charentes. Et elle qui se
contentait d’une vie saine et spirituelle, entre le club de fitness, les séances de shopping, et son restaurant végétarien « À l’algue joyeuse », tandis que lui trouvait un idéal dans
l’accomplissement d’actes exceptionnels.
— Je dois y aller.
— Reste avec moi, je t’en prie…
Elle s’empourpra, balayée par la tornade dévastatrice de l’embarras. Comment pouvait-elle lui demander cela, alors qu’il
faisait preuve d’une telle abnégation et d’un tel altruisme ? Il sourit, compatissant. Elle se mordit la lèvre inférieure.
— Je resterai toujours auprès de toi, au fond de ton cœur et de ton âme.
Il apposa sa paume contre son sein (et en profita pour la peloter en peu). Elle ressentit ce contact comme une piqûre brûlante, qui souderait le couvercle du chagrin sur
le coffre de la tristesse, contenant la pomme d’amour du bonheur, elle-même porteuse du vers de terre de la discorde.
— Au revoir.
Il recula de trois pas. Elle détourna la tête et s’enfuit, ne pouvant en supporter d’avantage. Elle courut dans l’aérogare,
forcit les foulées dans le hall d’entrée, accéléra encore sur le parking. Elle ne remarqua pas qu’elle avait fait tomber son sac Prada. Ses jambes étaient douloureuses, elle aimait cela, sa peine en devenait moins
douloureuse.
Ce n’est que lorsqu’elle pénétra dans l’habitacle de son cabriolet rose qu’elle s’abandonna complètement sur le volant.
Elle venait de perdre Gaspard, l’amour de sa vie. Un sang glacial coula dans ses veines. Elle claqua des dents. Elle mourrait
de chaud. Pourquoi avait-il fait cela ? Elle essuya ses larmes dans sa manche de chemisier.
Elle plaça difficilement la clé dans le contact. Ses mains tremblaient. Lorsque le ronronnement du moteur emplit l’habitacle,
douce litanie moqueuse de l’épreuve qu’elle endurait, un éclat jaillit dans ses yeux. Elle en était sûre à présent, Gaspard ne reviendrait jamais…
Il y a un indice caché dans le texte qui vous permettra de connaître le destin de Gaspard 😉
Et pour information, il s’agit en fait d’une petite digression sur cet article précédent : clic.
Je n’ai pas trouvé d’éditeur pour ce merveilleux roman pour le moment… Je ne comprends pas pourquoi…
Magnifique! 😉
Gaspard fini sur une île avec des ours blancs et de la fumée noire c’est ça? 🙂
Yeah ! Bravo, tu connais bien tes classiques 🙂
Génial ! les petites citations !
Excellente soirée .
Merci 🙂
Bamako est a LosAngeles :)))
Mdr, mais je ne crois pas connaître mes classiques, snif, j’ai l’impression d’être passée à côté d’informations essentielles 🙁
Pas très loin en tout cas 🙂
Et la réponse était : LOST Le vol oceanic 815 était celui des naufragés. Tu pourras briller lors de tes prochains dîners mondains avec ça :
aaaaaah, mais oui bien sûr !!! 🙂 ok ! Tout s’éclaire hihi