Un monde idéal où il est difficile de faire son métier

  

Monstres et Cie Sulli Bob porteL’enfant sursauta. Oui, il lui semblait bien avoir entendu un bruit. Imperceptible. Comme des griffes acérées caressant le bois du lit. Un grognement. Il cligna des yeux, comme si cela suffirait à illuminer une chambre trop sombre. Un mouvement fugace à côté de la table de chevet. Son cœur s’accéléra. Une silhouette massive se déploya devant lui. Un énorme monstre, aux crocs acérés et à la fourrure bleu.

Un hurlement d’effroi.

 

La terreur d’élite Sullivan finit de grogner et recula, satisfait. Les cris de cet enfant allaient faire exploser son quota journalier. Il ouvrit la porte du placard qui donnait directement sur les locaux de  Monstres et Cie. Le visage radieux de Bob Razowski se dessinait à côté des piles d’énergie remplies à ras bord. Ils avaient battu à plate couture ce lézard vicieux de Léon, c’était une bonne journée.

Alors qu’il refermait la porte derrière lui, Sulli sentit une gêne. Une chaussure. Une Rangers. Il recula, prêt à lancer l’alerte au BDE. La porte se rouvrit.

— Pas de bol pour vous, on a repéré votre petit jeu. C’est fini d’effrayer nos mômes.

Le propriétaire de la chaussure apparut dans toute son ampleur. Un militaire humain, casqué, harnaché, P90 en bandoulière. Aussitôt des grenades jaillirent au-dessus de ses épaules. Des explosions poussèrent comme des champignons dans le hangar, déversant des torrents de fer, de verre, de débris et de corps démembrés. Le calme retombait à peine qu’une petite armée investissait les locaux, sous le regard hébété des monstres survivants.  

Sullivan rampa vers Bob. L’œil de son ami avait été crevé par une poutrelle métallique. Il leva la tête vers les envahisseurs et les implora, la main tendue. Les balles crépitèrent et pénétrèrent sa fourrure turquoise comme du beurre. Il grogna.

— On y va les gars, on a encore une ville à raser !

La terreur d’élite avait du mal à respirer. Du sang coulait de ses narines. Ses yeux se fermèrent. Plus jamais les monstres n’effraieraient les enfants humains. Plus jamais.

 

Dans un monde idéal…

 

 

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