Un monde idéal où on prend soin de son horloge vitale

 

Hector avala une poignée de frites et fixa la grosse horloge sur ses genoux : les aiguilles reculèrent immédiatement de vingt-trois secondes. Il se découpa un quartier de viande dégoulinant de sauce qu’il mastiqua bruyamment, au bord de l’orgasme gustatif. Quinze nouvelles secondes s’égrenèrent.

— C’est bon, tu as fini ? cracha son épouse qui triturait du bout de la fourchette des légumes bouillis.

— Je ne fais que commencer, dit-il, la bouche pleine de chips.

Cinq secondes en moins.

Elle serra les poings, puis alla débarrasser son assiette dans l’évier. Son horloge vitale affichait fièrement 120 ans. Celle de son conjoint n’en était déjà plus qu’à 75. 

— Tu pourrais faire attention.

— Merde !

Il dégaina un cigare de sa poche. Il se comportait de la sorte uniquement pour l’agacer, elle le savait. Excédée par tant de sottises, elle saisit une casserole qu’elle lui lança au visage.

Ce n’est que lorsque Hector frappa le sol tête la première sans même un cri, qu’elle s’aperçut que l’horloge venait brusquement de tomber à zéro…

 

Dans un monde idéal…

 

 

9 réflexions au sujet de « Un monde idéal où on prend soin de son horloge vitale »

    • En fait, l’horloge baisse ton espérance de vie à chaque nouvelle action qui peut la réduire (manger trop gras ou trop sucré, fumer, etc.). Donc la casserole dans la gueule a beaucoup beaucoup avancé son heure de mort 😉

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