Un monde idéal où on recycle tous nos fluides corporels

 

Boudin noir avec des pommes— À table !

Léo posa son magazine et se hâta de finir d’uriner dans le tuyau. Il recouvrit ses fèces d’une louche de sciure de bois et sortit des toilettes les bras chargés. Il vida une partie de la bouteille à urine dans le compartiment dédié de la machine à laver, afin d’assurer une blancheur immaculée aux vêtements, puis le reste dans la bonbonne d’eau filtrée. Les excréments allèrent dans le composteur. Leurs tomates sur le balcon seraient ainsi bien grosses et juteuses.

— C’est pas trop tôt, bougonna Emma en le voyant enfin arriver dans la cuisine.

— J’ai fait aussi vite que possible. C’est toujours à moi de m’occuper du pipi / caca.

— Je le fais quand c’est plein, c’est pas ma faute si ça tombe plus souvent sur toi.

Elle transpirait devant les fourneaux. Régulièrement, elle recueillait sa sueur avec son grattoir et la faisait couler dans une fiole : deux heures dans le four solaire pour une pincée de sel alimentaire.

Léo fixa les seaux qui s’alignaient au dessus de l’armoire. Le pot à larmes était presque vide, une bonne nouvelle. Le pot à sperme était au contraire bien rempli, une très bonne nouvelle. Ils auraient de quoi assurer leurs besoins en crème hydratante pour cet hiver. 

Il avala une de ses crottes de nez et mit la table pendant qu’elle ajoutait les dernières épices à son plat. Lorsqu’elle disposa les assiettes devant lui, il ne put s’empêcher d’émettre une moue de désapprobation. Du boudin noir. Encore. Pour la septième fois de la semaine.

— On mangera autre chose demain, déclara Emma en plantant sa fourchette dans la masse gluante. Mes règles sont enfin terminées.

 

Dans un monde idéal…

 

 

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