Draövel arpentait les ateliers figés par
l’obscurité. Les jouets étaient figés sur les chaînes de montage, dans l‘attente des mains expertes des lutins qui reprendraient le travail, à six heures trente. Il jeta un œil à sa montre à
gousset et soupira. La nervosité le tenaillait au ventre.
Il répéta intérieurement le discours qu’il avait préparé à l’intention du Père Noël. Cela faisait à peine trois mois qu’il travaillait à la fabrique, jeune apprenti coopté par son frère, mais sa
curiosité lui avait permis de déterrer un véritable complot.
Tout avait commencé lorsqu’il avait fouiné dans la vieille remise interdite. De vieux documents poussiéreux avaient attiré son attention, des listings de noms d’enfants sages. Quel étonnement
quand il avait constaté que la majorité d’entre eux vivaient en Afrique et en Asie ! Il avait approfondi ses investigations, avait déniché des rapports confidentiels. Il avait découvert que la
presque totalité des jouets étaient expédiés en Europe ou en Amérique du nord, et, pire encore, que les enfants les plus riches étaient les plus gâtés.
Il avait tenté d’alerter sa hiérarchie. ErÖdrim, le chef d’atelier, lui avait ordonné de laisser tomber. Il en fallait plus pour le décourager : il avait profité de la tournée d’inspection
hebdomadaire du Père Noël pour abandonner son poste et l’accoster. Le vieil homme en rouge l’avait écouté avec attention. Il avait réclamé l’unique exemplaire de son rapport de recherche, l’avait
feuilleté, et lui avait alors donné rendez-vous le soir-même dans l’usine. Seul. Avec la consigne de ne pas ébruiter l’affaire.
Un projecteur s’alluma soudain, sortant Draövel de ses pensées.
— Draövel, tu es là ?
Le jeune lutin se figea. La silhouette bedonnante se découpait dans la lumière. Il mit sa main en visière.
— Papa Noël ? C’est vous ?
— Oui, cher petit.
Aussitôt, il se sentit tiré en arrière et plaqué au sol. Des mains s’agitèrent dans son dos, on l’attacha solidement, on le posa sur une chaise.
— Mais… implora-t-il. ErÖdrim, toi ? Papa Noël ! Que faites-vous ?
Le visage joufflu se colla aux oreilles pointues du petit apprenti.
— Tu as trop fouiné. Il existe des équilibres qu’il ne faut violer. Surtout financiers. Capitalistes.
Un arc électrique remonta le long de la colonne vertébrale du lutin.
— Mais… Les enfants sages… Notre mission… La bonté…
— Balancez-moi ce jeune idéaliste dans l’enfer blanc. Les rennes ont faim.
ErÖdrim acquiesça à l’ordre de son supérieur.
Le corps de Draövel ne serait jamais retrouvé.
Dans un monde idéal…
JOYEUX NOËL !!!
Alors c’est pas les parents qui achètent les cadeaux?! J, tu viens de détruire mes rêves 🙁
Noyeux Joël!
Ne t’inquiète pas, ton rêve n’est pas brisé : le papa Noël achète les cadeaux aux parents avant de les livrer 🙂
Même le père noël est un capitaliste? ah lala c’est triste.
Tout se perd de nos jours ma petite dame de la préfecture 🙂
Hé oui mon ptit monsieur de la région! 😉
🙂
Notre président a commandé au Père Noël un AAA jusqu’aux élections !
Excellente soirée .
Il sera sûrement déçu 😉
J. Joyeux Joël .
Joyeux Noël à toi aussi !!! À bientôt pour de nouvelles aventures 🙂
Zut, j’avais pas vu passer cette nouvelle 🙁
J, t’as l’art de convertir les contes de fées en histoires atroces 😀