Un monde idéal où la grossesse est envisagée autrement

 

enceinte.jpgTristan s’allongea à côté de Sophie et se mit à la câliner. Elle leva les yeux au ciel. Cette attitude ne pouvait signifier qu’une chose.

— J’aimerais avoir un enfant de toi, lança-t-il sans aucun préliminaire.

Sophie souffla. Il revenait encore à la charge. Pour la quinzième fois ce mois-ci.

— Bon, déclara-t-elle, vaincue. On ira au centre de sustentation demain. Juste pour se renseigner. Voir si on
peut au moins louer une matrice. Parce qu’avec la surpopulation, ce n’est même pas sûr que l’on obtienne un permis de…

Tristan fit une moue. Cela l’agaça encore plus.

— Non, pas comme ça. De manière… naturelle.

Sophie faillit s’étouffer. Quel toupet ! Non seulement il l’obligeait à concevoir un môme, chose qui
était totalement passée de mode depuis vingt ans, mais en plus il voulait l’obliger à porter cette chose en elle. En elle. Le sentir grossir dans son ventre, prendre du poids, avoir les
membres gonflés et douloureux, subir des mutilations physiologiques irrémédiables. Et ensuite expulser ce coprs étranger rouge et difforme de son vagin dans un torrent de fluides et
d’hormones.

Sans même répondre, elle se leva et alla faire son sac. C’était la goutte d’eau qui faisait déborder le
vase.

 

Dans un monde idéal…

 

 


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