Un monde idéal où la journée de la Femme révolutionne les mentalités…

8 mars 1982, Place Beauvau

Les sacs s’empilaient consciencieusement sous le regard terrorisé du ministre.

— Il y en a combien ?

— Une trentaine, répliqua son chef de cabinet.

— Merde, j’en ai marre des pétitions de ces pétasses mal niquées.

— On dit féministes.

— Peu importe. Le Président est fatigué, lui aussi. Il veut que l’on se saisisse du sujet. Des idées pour les grognasses ?

— Femmes.

— Peu importe.

Le visage du chef de cabinet s’éclaira.

— Cela fait un bout de temps que nous travaillons dessus. Il y a énormément d’actions que nous pouvons mettre en place afin de réduire les inégalités hommes / femmes : pénaliser les entreprises
qui n’appliquent pas l’égalité salariale, légiférer de manière plus drastique sur le harcèlement sexuel, développer l’offre en crèche afin de faciliter l’insertion professionnelle, communiquer
pour faire évoluer les mentalités, faciliter l’accès aux écoles supérieures, casser la sous-représentation des femmes en politique ou dans les médias, développer…

— Arrêtez. J’ai une meilleure idée. Nous allons plutôt organiser un évènement. Un truc pour dire « On pense à vous, les vagins ». J’ai déjà le nom, « La journée de la pouffiasse ».

Le chef de cabinet émit une grimace.

— « Journée de la femme », monsieur le ministre. Cela passera beaucoup mieux au sein de l’opinion publique.

Dans un monde idéal…