Un monde idéal où les handicapés sont euthanasiés

—
Mon Dieu… Vous êtes folle ? Vous vous rendez compte de ce que vous lui faites subir ?

L’inspecteur Clovis leva les yeux au ciel et soupira. Mathilde se mordit la lèvre inférieure. Sa réaction avait été instinctive. Elle tendit
les mains vers la femme qui s’était réfugiée dans un coin, et qui tenait contre son corps un individu d’une quinzaine d’années. Déficient mental. Clovis essayait de la calmer depuis tout à
l’heure, et avait même réussi à nouer un semblant de dialogue. Jusqu’à son arrivée.

— Madame, reprit-elle. Il va falloir nous le donner. Je… L’assistance sociale doit le récupérer, c’est la loi.

— Je ne veux pas ! Vous allez le tuer.

Mathilde secoua la tête, décontenancée.

— Mais… bien entendu.

— Je l’aime ! Je le protège ! Et il est très intelligent. Ce n’est pas parce qu’il est trisomique que…  

— C’est égoïste. Les travaux de Scheerb sur l’âme montre clairement que les déficiences physiques d’un niveau supérieur à 3 sur l’échelle
de…

— Ce que veut dire cette jeune femme, intervint Clovis, c’est que l’âme de votre enfant est bloquée dans une prison de chair. Qu’il en
souffre. Et qu’il faut la libérer. Moi aussi j’ai dû mal à le croire. Je suis de l’ancienne génération. Mais c’est ainsi. Votre souffrance ne doit devenir la sienne.

Des larmes se mirent à couler le long des joues de la femme. Mathilde prit un air pincé. Elle avait encore tant à apprendre…

Dans un monde idéal…