Un monde idéal où un ange gardien veille sur nous

— Attention Benoît, lança la voie métallique. Ralentis, tu risques l’accident.

Le jeune homme lança un regard gêné à la sphère dorée qui lévitait à côté de lui. Les filles éclatèrent de rire.

— Ta nounou a raison, pouffa Magalie. Tu devrais l’écouter.

Nouveaux éclats de rire. Fichu appareil, ragea Benoît tout en écrasant un peu plus la pédale. Pourquoi sa mère avait-elle tant
tenu à l’acheter ? Il était le seul de son lycée à en être équipé, il était devenu la risée de tous.

— C’est statistique, tenta-t-il maladroitement de se justifier. Il analyse les risques de dangers mortels et en fait part
avant…

Le camion citerne les percuta de plein fouet.

Un silence inquiétant. Tas de métal et de chair. Des plaintes noyées dans le sang. Odeur d’essence. Un début d’incendie.

La sphère activa immédiatement son programme d’urgence. Elle lévita vers son protégé inconscient, découpa au chalumeau les bouts
de métal enfoncés dans les artères et les sutura, relança trois fois son cœur, l’intuba et lui injecta divers produits qui lui firent reprendre conscience.

Les filles geignaient. Magalie ne bougeait plus. La fumée envahissait l’habitacle. La sphère lacéra la portière avec son scalpel
laser, extirpa Benoît grâce à ses bras métalliques rétractables, et le déposa à l’écart dans un fossé,. Elle avait appelé les secours dès qu’elle avait mesuré le choc, ceux-ci ne tarderaient pas.
95% de chance de survie. Mission accomplie.

Elle apposa des sondes sur la peau d’un Benoît qui  pouvait à peine bouger, et contrôla ses constantes. L’incendie
grignotait peu à peu la voiture. Les filles hurlaient. La sphère mesura une brusque élévation de la température, sa caméra optique ne rata rien du long calvaire des passagères.

Dommage qu’elles ne soient pas équipées, elles aussi, du tout nouveau Spherange 3000.

Dans un monde idéal…