Et si le dernier espoir, c’était de rester ? (1)

 

 

Une nouvelle conçue d’après le livre de B. Werber, le Papillon des étoiles. Alors que le livre raconte l’histoire
de ceux qui ont décidé de quitter une Terre en pleine perdition, à bord d’un immense vaisseau spatial de 144 000 personnes pour un voyage de 1 000 ans, cette nouvelle raconte l’histoire de ceux
qui sont restés…

 


An 0


4411306379_60d7545e58.jpgSoudain, ses paupières s’ouvrirent.

Ses pupilles se contractèrent, sa vision se clarifia. Un soufflement rauque s’échappa de sa poitrine. La vie revenait
à lui.

Marc leva la tête, son front buta contre la paroi métallique. Ses poumons étaient en feu, son visage couvert d’une
poussière grasse, ses yeux piquants. Il était couché, ses membres engourdis mettaient un temps incroyablement long à répondre. Une odeur âcre, mêlant métal oxydé, carburant consumé et chair
brûlée lui remontait dans le nez et dans la bouche.

Il poussa sur ses mains. La plaque de tôle qui le couvrait glissa sur le côté. Il roula pour s’extraire de son
cercueil de débris. Sa respiration était saccadée. Il serra les dents, mit un genou à terre, puis se leva.

Tout n’était que chaos autour de lui. Les installations avaient été soufflées, les véhicules de la gendarmerie et de
l’armée pulvérisés, les hommes vaporisés. Seuls quelques débris voletaient ici et là, se déposant au gré du vent. Une terre stérile condamnée par la puissance des réacteurs de la
fusée.

Il épousseta sa chemise bleue, elle tomba en miette. Ses galons n’avaient pas résisté non plus. Sa peau était
calcinée par endroits, mais il n’éprouvait aucune douleur. Du moins, pour le moment. Il fit un pas en avant, et failli s’affaisser. Sa jambe gauche ne le soutenait plus. Il grimaça de dégoût
quand il découvrit sa cuisse noire et rabougrie. Cela ne présageait rien de bon…

Il était en vie, c’était l’essentiel.

Lors de la mise à feu, une plaque de tôle de la rampe avait été arrachée et l’avait percuté de plein fouet. Une
souffrance électrique avait envahi sa colonne vertébrale, une souffrance si viscérale qu’il avait cru mourir. Ça lui avait sauvé la vie, au contraire.

Un vent léger se leva. Les sirènes des véhicules épargnés vibraient dans l’air. Elles se rapprochaient du point
d’extraction, pour venir en aide aux éventuels survivants.

Marc leva les bras pour attirer leur attention. Quand il vit la colonne virer vers lui, il ne put s’empêcher
d’admirer les dernières volutes de fumée qui disparaissaient dans la haute stratosphère. Le décollage avait bien eu lieu, le papillon des étoiles et ses 44 000 passagers avaient disparu, ce
projet fou venait de se réaliser.

Un camion rouge stoppa devant Marc, deux pompiers en uniformes en descendirent.

Colonel Rafal ! Vous êtes vivants !

Marc tourna vers eux des yeux hagards.

Ils sont partis…

Venez avec nous !

Un des sauveteurs lui agrippa le bras. Il retira vivement sa main quand un lambeau de peau se détacha.

J’ai échoué, ils ont quitté cette planète.

Il est sous le choc !

Ce n’est plus votre problème, colonel.

Ils l’escortèrent doucement jusqu’au véhicule. Marc leva une dernière fois son visage vers le ciel. Une pluie fine de
carburant consumé tombait sur ses épaules. Il l’effleura du bout des doigts. C’était étrangement froid. On l’allongea sur une civière, la portière claqua.

Merde, sa jambe, t’as vu ?

Des aiguilles s’enfoncèrent dans sa peau, un gel gras fut étalé sur son corps. Marc sentit son esprit
s’égarer.

Ils nous ont laissé seul. Ils sont partis… répéta-t-il, comme un regret.

 

 

A suivre…



16 réflexions au sujet de « Et si le dernier espoir, c’était de rester ? (1) »

  1. Fan de Werber depuis que j’ai découvert « Les Fourmis », je ne peux qu’approuver ton projet. Et vu la qualité de la première partie, je n’ai que deux choses à dire: vivement la suite!!, et à quand le
    prix Goncourt? 😉

  2. Oooooh intéressant tout ça !
    J’aime bien Werber aussi, et j’ai lu ce livre^^ Je trouve ton idée de départ vraiment sympa^^

    Hâte de lire la suite =)

  3. Bonne idée !
    Pareil, j’ai lu ce livre, j’ai bien aimé aussi, comme pas mal de cet auteur.
    Tu t’attaques donc carrément à lui écrire la suite ! 😀 yéééééééé

    • J’ai eu Bernard au téléphone hier et je lui ai dit « Ecoute Béber, ton bouquin, là, il était bien sympa, mais je trouve quand même que c’est dommage de ne pas aller plus loin pour savoir ce qu’il se passe sur terre. » Et là, comme d’habitude, il m’a sorti son couplet un peu usant « oui, mais moi j’ai pas beaucoup de talent par rapport à toi J., je sais pas trop quoi faire etc., alors, je te donne carte blanche, ce sera beaucoup mieux. » Et donc voilà ! (histoire vraie)

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