— Quelque chose m’a complètement dépassé. Une incroyable vague a submergé les barrières de l’inconnu pour me dégager des rivages du quotidien et me jeter dans un océan de
merveilles et de douceurs. Je suis devenu une immense star, à présent, plus grande que Didier Barbelivien et Robert Charlebois. Mon livre est en rupture de stock à la librairie de Pitivier Sur
Marne depuis hier, j’ai été dans le TOP FNAC plus de trois heures d’affilées, ma mèr… mes fans m’adulent, mon éditeur me vénère, France 3 Bourgogne me harcèle au téléphone pour que l’on trouve
cinq minutes pour une interview, la Gazette de Pouilly-les-Pouilladins (le journal le plus lu de Pouilly-les-Pouilladins) réclame son « témoignage vérité » depuis des mois. Je devrais
être heureux, je devrais être fier. La critique m’adore, le public aussi. Des tonnes de filles et de beaux jeunes hommes (oui, d’accord, en fait il n’y en a eu qu’un seul, et c’était un
prisonnier qui voulait dévorer mon cœur) m’écrivent pour demander, avec la tendre naïveté des êtres qui n’ont pas encore été pervertis, ma main douce et soyeuse. Et pourtant, je ne sais pas, il y
a quelque chose qui me tracasse. Comme si cette célébrité soudaine avait brisé mon moi profond. Peut-être probablement le fait d’être accepté en tant qu’écrivain, en tant qu’auteur, en tant
qu’élite de la société, en tant que chef de meute, en tant que leader, en tant que guide suprême, en tant que mentor spirituel, en tant que maître jedi. D’avoir quitté le cercle des gens normaux
qui vivent une petite vie pathétique et minable, comme toi, pour rejoindre la grande fratrie des personnages célèbres qui ont bouleversé le monde : Molière, Picasso, John Lennon, Mickael Vendetta, J. Heska. Ça a bouleversé mon intimité. Et ma
vision du monde. Je suis au-delà des simples aspects physiques, à présent. Je dois me concentrer à faire des choses grandes et belles pour améliorer la vie des terriens, et les sauver de cette
folie destructrice qui semble s’être emparée d’eux. Je me dois de transcender mon art, me consacrer corps et bien à ce que je sais faire de mieux, quitte à y laisser mon âme. Je ne me laisserai pas distraire, comprends-tu ? Je ne dois pas perdre une seule seconde.
Je dois y arriver, parce qu’aujourd’hui, je suis amené à écrire des nouvelles sur mon ordinateur, mais qui sait, demain ? Ma trajectoire ascendante est infinie. Et dans ces moments là que tu me
chériras, que tu admireras ce que j’aurais pu accomplir, et que tu pourras être fière par ta contribution, par ta douce et intelligente façon d’avoir été en capacité de m’offrir une abstraction
complète et totale au simple attachement physique… Tu devrais être heureuse de partager ta vie avec une personne qui bénéficie d’une aura telle que la mienne. Mon talent, mon savoir, et mon
intelligence éclatent forcément sur toi. Je contribue à élever l’humanité, des gens se tueraient pour être à ta place et partager leur quotidien avec un artiste complet, entier, capable de saisir
des tranches de vie quotidienne et de les sublimer sur un support aussi cocasse que drolatique. Mais arrêtons là. Un nouveau chemin s’ouvre à moi. Le soleil de l’illumination vient de se lever au
dessus d’un horizon sombre et cruel. Non, ne cherche pas à me retenir. Tes larmes pitoyables ne font que renforcer ma position. Une destinée plus grande m’attend. Je vais parcourir le monde. Je
ne prends que ce petit sac, et un seul slip de rechange. Je vais sillonner les terres, tel un bohémien avec sa guitare,
mais sans guitare (bravo si vous avez eu le courage de lire jusqu’ici), ou un dresseur Pokemon. Rejoindre BHL dans sa quête philosophique, mais sans chemise ouverte sur poitrail velu. J’ai besoin
de cela, pour me ressourcer, car je suis vidé. J’ai donné partout autour de moi, et tellement ! Le public est cruel, il en redemande sans arrêt. Mais je dois m’éloigner d’eux à présent,
qu’ils apprennent à arpenter leur propre chemin, sans…
— Mais qu’est-ce que tu fais ? Tu parles tout seul ?
Je lève les yeux vers Ava, qui vient de rentrer dans la chambre.
— Rien, rien, je discutais avec le chat.
— Elle est en train de dormir… T’es complètement malade… Ça ne va vraiment plus depuis que tu as vendu tes trois bouquins…
— Oui ben c’est bon, hein ! C’est les vacances ! Je sais que j’ai plus le droit de parler de mon roman de merde ni d’aller sur
Facebook et sur mon blog, mais, c’est bon, hein ! j’ai toujours le droit de parler au chat ! Hein, je fais ce que je veux ! MERDE !
Voilà les amis ! Je me mets au vert deux bonnes semaines après ces quelques mois bien remplis ! Soyez sympa, faites que mon
bouquin devienne un mega best-seller pendant mon absence (mais je crois que c’est bien parti, j’ai encore grappillé quelques places au classement FNAC) 😉
Damn ! Il est vraiment obsédé par BHL, ce gars ! 🙂
Bonnes vacances JSK !
A bientôt !
Bouhou… Je suis revenu… Et j’ai vu que mon presque homonyme (DSK) avait fait quelques petites bêtises en mon absence… 😉
Ah lala quelles magnifiques photos! 😉 tu es bien parti pour dépasser le Maître! 😉
Je suis sûr que tu dis ça pour me flatter… J’ai n’arriverai jamais à la cheville de BHL… Je le sais… 😉
Pavé César, et bonnes vacances 😉
Bouhou… Je suis reviendu…
Non non 🙂
* Pars en courant s’acheter des lunettes de soleil et une chemise blanche *
😉 une photo!! hihi
Je te la donnerai avec celle du chat 🙂