Un monde idéal où les vampires savent se faire discrets

Paul se pencha sur une Sandra blasée et lui expliqua :

— Tu vois, ça ne tient pas. Si les vampires existaient vraiment, les êtres humains seraient déjà tous morts ou auraient muté. Simple calcul
d’arithmétique.

Il aspira une gorgée de Margarita et lui pointa une feuille sur la table : 1 vampire, 2 vampires, puis 4, 8, 16 etc. Au bout de 32 jours,
c’est toute l’humanité qui est contaminée !

Pourquoi avait-il tant tenu à parler de cela le soir de leur premier rendez-vous ? Sandra finit son verre, déposa un baiser sur la joue
du prétendant déçu et le quitta. Pensive, elle rentra chez elle, lança un clin d’œil au portier de l’immeuble et pénétra dans l’antre. La meute était regroupée dans la salle commune, autour d’un
pichet de sang frais. Sandra dépassa la table des apprentis, qui engloutissaient de larges tranches de viande avec avidité, pour récupérer de leurs derniers prélèvements sanguins. S’ils servaient
la communauté suffisamment longtemps, celle-ci leur ferait peut-être cadeau de l’immortalité.

La jeune femme trempa les lèvres dans le liquide rouge, c’était bien meilleur que le martini, et réfléchit à la drôle de théorie de Paul. Il
avait raison dans l’absolu, mais cet idiot avait oublié que les vampires n’étaient plus de simples prédateurs, mais des gestionnaires de bétail, à présent.

Elle avala une nouvelle gorgée, en se demandant, finalement, si elle ne pourrait tout de même pas se faire un petit plaisir avec cet imbécile.
 

Dans un monde idéal…