Un monde idéal où l’immortalité n’est plus un rêve

An 4267, constellation du taureau

— Suivant ! hurla Diane.

Un homme s’approcha du comptoir cuivré. Elle répéta les opérations habituelles, et lui demanda de placer son iris près de la
cible. Elle détestait son travail. Seule représentante du Dominion dans ce système reculé, à côtoyer des chasseurs de Bachosaure rustres et des ermites incapables de s’intégrer. Elle pensa avec
délice à la relève, dans six mois. Ensuite, avec les points qu’elle avait accumulés ici, elle serait libre de choisir son affectation pour au moins trois vies.

Le scintillement de la feuille écran la sortit de ses pensées. Code vermillon. Diane leva les yeux, et dévisagea son
interlocuteur. Environ trente ans, des traits étranges, loin de la mode actuelle, mais plutôt mignon derrière une barbe épaisse et de longs cheveux. Elle étudia la fiche.

Stéphane Powdalski, né en 1983… sur Terre.

— Vous… Vous avez connu la Terre ? Vous êtes un génotype unique ?

L’homme souffla, excédé.

— C’est bon ? Le pointage est OK ?

— Vous avez vécu sur Terre, c’est dingue… Avant l’astéroïde ? Ben oui, je suis idiote. Je n’ai jamais rencontrée un immortel
première génération. C’est votre physiologie d’origine ? Il paraît que vous y était attaché, à l’époque. Vous avez vu le premier homme marcher sur la lune ?

— C’était en 1969, j’étais pas né.

— Oui, mais ça ne faisait pas longt…

— Écoute, petite, c’est pas le moment. Tu transmets les données, et tu t’occupes de tes fesses.

Diane lui fit signe qu’il pouvait s’en aller. Elle n’en revenait pas. Un terrien des origines. Elle enregistra sa fiche sur son
serveur personnel. Elle la détaillerait ce soir. Cela lui permettrait de trouver un prétexte pour le retenir, la semaine suivante, lors du pointage obligatoire.

Dans un monde idéal…