Un monde idéal où on apprend que les téléphones portables sont cancérigènes

Cédric regarda avec frayeur son téléphone frétiller sur le bureau. Ce n’était pas faute d’avoir échangé péniblement une centaine de SMS pour expliquer à son ami le
dernier exercice de mathématiques. Il sortit en catastrophe de sa chambre pour trouver une meilleure zone de réception. Seulement deux barres dans le salon. Il se précipita dans la rue. Quatre
barres. Il décrocha. Il pensa immédiatement à la tumeur qui se formait dans son cerveau.

— ALLO !

Il prit bien garde à tenir le téléphone à une distance d’un mètre. Un vague murmure s’échappa du haut-parleur.

— J’ENTENDS QUE DALLE ! PARLE PLUS FORT !

La rue était bondée de personnes qui faisaient comme lui. Un brouhaha immense de voix couvrait le bruit de la circulation.

— PARLE PLUS FORT, SERIEUX !

Cédric souffla. Il n’entendait rien. Soudain, son regard fut attiré par un écran publicitaire. Pour un kit main libre qui n’était pas en
rupture de stock, pour une fois. Il se précipita en direction du magasin, bientôt suivi par la foule. S’il arrivait à en avoir un, le portable pourrait enfin rester dans sa poche de jean, et son
cerveau serait sauvé.

Vingt ans plus tard, complètement sourd de l’oreille droite, il mourut d’un cancer des testicules.

Dans un monde idéal…